Cotonou. 12 août 2017. Alors que nous étions conviés à la formation des Benin Blog Awards, nous avons pris la décision d’interviewer le brillant orateur qui nous distillait avec humour et assurance des conseils relatifs à la rédaction d’articles de blog. Grâce à l’exceptionnelle disponibilité de monsieur Guébo et à un remarquable travail d’équipe, l’interview a pu avoir lieu. Merci à Jerry pour le travail de transcription et à Cyr pour son implication constante. Colombe, pour sa part, a mis toute sa bonne humeur et sa douceur d’oiseau de paix (oui oui, ce nom de code mérite d’être connu 🙂 ) en branle pour diriger cette entrevue. Régalez-vous!
Colombe : Bonsoir !
Israël Guébo : Bonsoir !
Colombe : Vous-vous appelez Israël ?
Israël Guébo : Oui
Colombe : Bonsoir Israël !
Israël Guébo : Bonsoir !
L’équipe : Colombe… Cyr…
Israël Guébo : Enchanté
Colombe : On s’est approchés de vous pour pouvoir rédiger une interview par rapport à une thématique qui nous tient à cœur : le paludisme. Donc on a rédigé un ensemble de questions.
Israël Guébo : Ok
Colombe : Alors merci de nous accorder cette interview. Mais avant tout propos on aimerait que vous-vous présentiez à nos lecteurs s’il vous plaît.
Israël Guébo : D’accord. Je m’appelle Israël Yoroba Guébo, je suis ivoirien, journaliste de profession et de formation, chef d’entreprise et je suis également rapproché en tant que communicateur digital. Je suis très médias donc c’est vraiment le domaine de ma thématique.
Colombe : Merci monsieur. Votre présence ici nous permettra de nous intéresser plus à la situation du paludisme en Cote d’ivoire. Oui, parce qu’au Bénin on connait déjà la situation. Nous sommes un peu fermés par rapport aux autres pays de la sous-région. Donc c’est une occasion pour nous d’avoir un ivoirien devant nous. En plus un ivoirien qui s’exprime très bien, pour pouvoir nous dire quelle est l’incidence du paludisme en Cote d’ivoire. Et quelle est la conception de la population par rapport à cette maladie ?
Israël Guébo : D’accord ! Alors je ne suis pas spécialiste de la question du paludisme, mais c’est qu’aujourd’hui et même depuis qu’on est enfants on considère le paludisme comme étant une maladie qui est donnée par le soleil. Parce qu’il fait chaud et la chaleur entraine le paludisme. Ce que je sais c’est qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de campagnes qui sont menées dans le souci de prévention. Des moustiquaires imprégnées sont distribuées aux femmes enceintes ou ayant des enfants. Cela veut dire que la problématique est vraie parce que le paludisme est l’une des premières causes de mortalité dans le monde. Et donc, c’est une cause qui intéresse au plus haut point les gouvernements. C’est une question de santé publique qui devrait intéresser les populations elles-mêmes qui finalement ne se rendent pas compte que leur comportement au quotidien peut in fine leur donner le palu. Quand vous versez de l’eau sale derrière votre maison, cela produit des nuées de moustiques qui peuvent à leur tour vous donner le paludisme. Il y a tout cela qu’il faut prendre en compte mais les populations n’en sont pas forcément conscientes. Parce que le mec a un peu mal à la tête, c’est qu’il s’agit du palu. Le paludisme est devenu une maladie générée. Dès qu’on se sent un peu mal, ah j’ai un peu le palu là ! Mais le paludisme c’est une vraie maladie et qui tue.
Colombe : Merci beaucoup ! Nous avons le même problème ici au Bénin mais malgré les campagnes, les populations ne font pas vraiment attention au paludisme Et elles mettent le paludisme au milieu de tous leurs problèmes. Du coup nous aimerions savoir selon vous comment le paludisme peut être la principale cause de mortalité alors même que les moustiquaires sont distribuées gratuitement ? Parce qu’il y a au-delà de l’incapacité de la population à saisir le problème, un phénomène assez bizarre qui dure depuis des années. Le paludisme n’est pas une nouvelle maladie et il y a de nombreuses campagnes. Qu’est-ce qui fait que les populations n’arrivent pas à saisir malgré toutes ces sensibilisations le problème à le prendre à bras-le-corps et à s’en débarrasser ?
Israël Guébo :
Je pense qu’une chose est de distribuer les moustiquaires, une autre chose est qu’elles soient utilisées, première chose. La deuxième chose est que dans nos villages, on est encore à soigner le paludisme avec des médicaments traditionnels, et le paludisme n’existe pas dans sa version scientifique dans nos villages. Il a son nom et des médicaments qui vont avec. Ce n’est pas mauvais en tant que tel. Mais après je pense que le palu aujourd’hui augmente en terme de taux malgré les campagnes simplement parce que les campagnes ne touchent pas vraiment les populations. Il faut fondamentalement changer la perception des gens sur le paludisme. Ensuite, il faut toucher les zones rurales avec des campagnes locales. Il ne faut pas oublier que dans nos pays, dans nos villes et villages, beaucoup de nos populations sont illettrées. Je ne dis pas analphabètes, je dis illettrées, ça veut dire qu’elles ne parlent pas le français. Si on arrive à imaginer des campagnes dans les langues locales, ou avec des images ou projections dans les villages, je pense qu’on va arriver à toucher un maximum de personnes. Mais tout cela répond en fait à une question de politique de gouvernement. Si les gouvernants qui sont ici où ailleurs décident de faire du paludisme leur premier cheval de bataille, vous verrez baisser le taux de prévalence de la maladie. Pour l’instant, leur premier cheval de bataille c’est le sida. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est le sida qui est mis en avant. Lorsqu’à une époque les gens avaient décidé de mettre la poliomyélite en avant pour l’éradiquer, on a vu les résultats qui ont été faits, les enfants qui ont été vaccinés. Donc le jour où les gouvernements ou les organisations de la société civile mettront en avant le paludisme comme premier cheval de bataille je pense que ça va faire baisser l’incidence de la maladie, parce qu’ils mettront les moyens et les méthodes qui vont avec.
Colombe : Une autre question. Il y a un grand nombre de produits et solutions proposés pour lutter contre le paludisme, surtout le vecteur qui est le moustique. Il y a les savons répulsifs, les sprays, les raquettes, les vaccins expérimentaux. On a même développé un article qui disait que le poulet était un répulsif
(Rires)
Colombe : Je me demandais, selon vous quelle est la solution la plus adéquate pour se protéger chez soi ? En tant que citoyen lambda, quelle est la solution que vous préconisez pour vos voisins, vos proches, vos parents pour lui dire « Mon frère utilise ça, cela protège des moustiques ».
Israël Guébo : Pour moi le paludisme est une conséquence. C’est déjà d’avoir une habitation saine, c’est d’avoir un cadre de vie sain. Parce qu’on pourra tout dire, on pourra faire autant de communication qu’il y a, si notre environnement n’est pas sain, si malgré l’utilisation d’une moustiquaire imprégnée on dort avec une poubelle à son chevet, cela favorisera la prolifération du vecteur de la maladie qu’est le moustique. Ce qu’il faut c’est d’abord sensibiliser les populations à avoir une habitation saine, une hygiène de vie saine, un environnement sain. A partir de ce moment, on éradique le mal à la racine. Ensuite, derrière on peut faire la promotion, on met les moyens ; que ce soient les moustiquaires imprégnées ou autres moyens, ça vient en deuxième position. Puis après, que chacun soit le porte-parole de son voisin ; que chacun sensibilise son voisin sur le paludisme. Il faut vraiment une campagne qui est orientée vers la population.
Colombe : D’accord, une dernière question ! Au Bénin, la politique consiste à parcourir les maisons, proposer des moustiquaires. Est-ce que c’est la même chose en Cote d’ivoire parce que j’ai appris que vous allez jusqu’à la vaporisation des maisons, et des quartiers.
Israël Guébo : Alors, là il y a eu une grande campagne de vaporisation parce qu’il y avait une grande épidémie de dengue. Mais ce que je sais, la communication est beaucoup plus axée sur les moustiquaires imprégnées et l’assainissement du cadre de vie. Ce sont vraiment ces deux axes qui sont mis en avant.
Colombe : Alors vous pensez que d’ici 2025, si on mettait tous les moyens au monde, on pourrait changer profondément la Cote d’ivoire ?
Israël Guébo : Oui, car aujourd’hui en Cote d’ivoire il n’y a presque plus la poliomyélite. Si on y est arrivés, pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas y arriver avec le paludisme ? On peut y arriver !
Colombe : Et pensez-vous que, compte-tenu du fait que les moustiques éclosent plus vite aujourd’hui parce que la chaleur est plus intense, le monde sera un paradis à moustiques dans quelques années, l’Europe y compris ? La question nous taraude parce que le réchauffement climatique est exponentiel.
Israël Guébo : C’est une conséquence car nous produisons plus de moustiques, et même plus d’œufs d’insectes qui pourraient provoquer plusieurs autres maladies. Comme je le disais, le paludisme est une conséquence de plusieurs choses telles que l’environnement et la qualité de vie. Il faut donc régler tout cela pour avoir un impact.
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